« Je ne serai pas le candidat d’un parti … »

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 Soyons clairs: cette phrase extraite du discours de François Bayrou lors du compte-rendu du Conseil National du Mouvement Démocrate du week-end dernier (voir vidéo ci-dessus) est une phrase « bateau »; tous les candidats aux élections présidentielles la  proclament,  la main sur le coeur.

Pourtant, à y regarder de plus près, peu d’entre eux ne peuvent se targuer, comme François Bayrou , de la prononcer sans trop se déjuger. Analysons:   

  • D’abord, F. Bayrou, depuis sa prise de position d’une indépendance politique et financière vis à vis du concept Droite / Gauche,  sait qu’il ne pourra voir son ambition se réaliser sans l’éclatement plus ou moins prononcé des deux blocs. Avant le congrès de Reims, le Parti Socialiste, dans sa dimension « Social Démocrate », a hésité à adhérer à cette stratégie (les dernières déclarations de M. F. Hollande montrent que cette attirance – mais dans l’autre sens – est relativement « naturelle »). Par ailleurs, les péripéties de la fausse candidature de M. J. L. Borloo, indiquent que le besoin d’émancipation de ce même courant « social démocrate » vis à vis de la politique de M. N. Sarkozy est devenu « criant ».  Le MoDem n’est qu’un pôle central de référence pour affirmer ce besoin d’indépendance et de sortir des sentiers battus de l’alternance; F. Bayrou sait qu’il doit rassembler une « union centrale réformiste » pour sortir la France de ses ornières; le MoDem sait qu’il ne doit pas emprisonner son candidat naturel dans des principes sectaires et partisans ou des jeux politiciens de deuxième zone.
  • M. Hervé Morin, il faut l’avouer, n’est pas, non plus, candidat d’un parti. Une bonne moitié de son parti, le Nouveau Centre, ne le soutient pas. En fait, il est le candidat d’un candidat (M. N. Sarkozy) puisqu’il se présente … en souhaitant la ré-élection de ce dernier.
  • M. N. Sarkozy, parlons-en. Lui est prisonnier de son comportement et de son bilan, mais, attention, c’est un excellent candidat. Cependant, il ne peut être que le candidat de l’appareil UMP, avec sa puissance logistique et financière et son éventail idéologique sécuritaire / libéral. D’ailleurs, ce positionnement « candidat d’un parti » ne le revendique-t’il pas, même si, le temps venu, il nous déclarera le contraire ? Il suffit de se rappeler que les comités exécutifs restreints de l’UMP se déroulent à l’Elysée et que, dans de nombreuses circonstances, M. N. Sarkozy a utilisé les moyens de l’Etat et s’est comporté en tant que leader de l’UMP et non comme président de tous les Français.
  • M. F. Hollande lui essaie d’être au dessus des partis … mais la façon dont ils se débat pour sortir de la gangue partisane et politicienne du P.S. et des Verts n’augure rien de bon quant à sa capacité de gouverner et de trancher. D’ailleurs, la méthodologie des « primaires » dont nous avons déjà parlé , entraîne forcément un positionnement « candidat d’un parti » normalement incompatible avec les fondamentaux de la cinquième république. Qu’il s’en défende ou non, M. F. Hollande sera scotché au « programme du PS » et à l’accord « PS – les Verts ». Ces adversaires vont l’attaquer sytématiquement sur cet axe là; chaque fois qu’il essaiera d’avoir une position personnelle on lui présentera ces propres contradictions.
  • Mme E. Joly … nous avons fait un article sur sa position de prisonnière des Verts. Le but du jeu est maintenant de savoir combien de temps va-t’elle tenir. Il faut lui souhaiter d’aller jusqu’aux élections, mais, pour le deuxième tour, il lui faudra boire le calice jusqu’à la lie. C’est dernier « retours en arrière » montrent que le vin est déjà aigre.
  • M. J. L. Mélanchon est un « homme libre ». Sa parole est forte et, parfois, structurée. Il sait qu’il ne jouera pas dans la cour des grands. Son obsession est de défendre les « valeurs de gauche », sans trop savoir ce que se terme recouvre, en fustigeant le PS, reniant l’horreur du « centre »,  et en jouant sur l’option à la mode (à juste titre) de l’indignation. S’il n’est pas le prisonnier d’un parti, il ne veut pas être le président de tous les Français.
  • Mme M. Le Pen = F.N.; F.N. = Mme M. Le Pen. Equation bi-univoque. Une preuve: lors des dernières cantonales tous les tracts officiels des candidats du F.N. ne faisaient référence aux problèmes locaux (sinon d’une façon générale) mais montraient leur allégence à la grande déesse Marine.

Alors, qui a l’esprit le plus partisan, qu’il (elle) s’en défende ou non ?

Claude Escande

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Une réponse à « Je ne serai pas le candidat d’un parti … »

  1. Daniel SUSZWALAK dit :

    Il faudrait que l’intelligentsia politico-médiatique parisienne cesse de lui pourrir la planche en tournant en ridicule la moindre de ses apparitions.
    Je viens de voir sur Public Sénat un documentaire sur la campagne des primaires EE-LV, abordées du côté de Nicolas Hulot. Lui aussi fut victime de ce que la politique a de plus sectaire, de plus conservateur, de plus lâche,… Bref, de tout ce qui nous fige dans la glace du désespoir et de l’abstentionnisme.
    Alors oui François, reste ouvert à tous les hommes !

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