Quelle Union Européenne voulons-nous ?

… où comment le F.N. est pris en flagrant délit de trouver du charme à l’ U.E. . Un petit billet d’humeur de Patrick Roccia, Conseiller National MoDem pour l’Ardèche.

161204 - TAFTA Le vœu déposé par le groupe FN du Conseil Régional Auvergne Rhône-Alpes (Le diable s’habille en TAFTA …) a retenu toute mon attention dans cette période où les interrogations sur la construction d’une Union Européenne se multiplient.

A vrai dire, je suis resté un peu perplexe car, au final, je n’en comprends ni l’objectif, ni l’argumentation. Ou du moins, vu de ma place, les conclusions semblent aller à l’opposé de la vision politique prônée par le Front National s’agissant de l’Union Européenne.

Je m’explique:

Ma première interrogation porte sur le fameux mécanisme de règlement des différents entre investisseurs et États. Une telle clause existe depuis toujours dans les traités commerciaux entre états, sous l’égide de l’OMC. Je suis favorable à sa suppression car il est effectivement inconcevable qu’une justice privée se substitue à la démocratie. C’est d’ailleurs en contradiction avec la Charte des Nations Unies. Mais, en réalité, ce sont les états souverains, en particulier les ministères des Affaires étrangères, qui ont maintenu cette clause de façon universelle, pour ne pas stigmatiser les états autoritaires ou défaillants. De ce fait, les multinationales se sont engouffrées dans la brèche. Dans le cadre des négociations du CETA, le Parlement Européen, émanation des citoyens, a réussi, face aux états membres et à la Commission Européenne, à faire évoluer cette clause dans un sens plus favorable. Le parlement wallon a montré qu’il y avait encore une étape à franchir, mais c’est un premier pas. Tout n’est pas parfait donc, mais saluons comme il se doit cette avancée communautaire courageuse face à des états souverains, frileux, et repliés sur eux-mêmes. Je me réjouis donc que le Front National ait pris conscience de la valeur et de l’importance d’une institution communautaire qui défend réellement les droits des citoyens européens, donc des citoyens français.

Ma seconde interrogation concerne le rôle prépondérant des états souverains. Or justement, les négociations du TAFTA ont été lancées par le Conseil Européen, réunissant les représentants d’états souverains. On ne peut pas dire que ce soit une réussite démocratique. Le mandat a été élaboré très discrètement à partir des travaux d’un groupe privé composé de lobbyistes représentant les firmes multinationales. La décision a été prise au cours d’une sorte de conclave du Conseil Européen, et le mandat a été confié directement, non pas à la Commission Européenne (qui aurait pu adapter les modalités des négociations), mais au seul commissaire européen au commerce extérieur. On le constate, toute la procédure s’est déroulée « border-line » avec les processus décisionnels habituels des institutions européennes, par la volonté des états membres. C’est l’implication des citoyens et la lutte acharnée du Parlement Européen qui ont imposé un minimum de transparence sur les négociations. Encore une fois, c’est l’Europe communautaire représentée par le Parlement Européen qui a œuvré le plus fortement pour la défense des droits des citoyens, comme le recommande explicitement le vœu du groupe FN.

Ces deux exemples illustrent clairement ma perplexité. A la lecture de l’article, et du vœu, je comprends que le groupe F.N. est donc devenu un farouche partisan de cette Union Européenne communautaire et qu’il milite pour son renforcement face à des états souverains timorés et refermés sur eux-mêmes. Je me félicite de ce plaidoyer lucide qui tranche heureusement avec les propos antérieurs tenus par ses dirigeants nationaux. A mon tour je forme un vœu, que les représentants du FN au Parlement Européen accompagnent, et même amplifient cette position courageuse … en commençant par réduire leur taux d’absence.

 

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Une réponse à Quelle Union Européenne voulons-nous ?

  1. Michel P. dit :

    Oui mais…
    des regrets bien tardifs à un manque évident de démocratie européenne et il faut être bien conscient que si la Wallonie était restée silencieuse tout passait comme une lettre à la poste malgré les interventions du parlement européen. Ceci pour le CETA qui a finalement accepté avec quelles garanties ? Ça reste à voir …Nous sommes en Europe des grands naifs ou pire des niais ! le petit dessin de l’article est bien explicite, hélas…
    Pour le TAFTA avec Trump c’est sans doute fini mais prudence…
    Je me moque de connaitre les opinions versatiles du FN mais suis malade de voir l’Eurogroupe qui n’existe pas en droit imposer sa loi avec l’aide des finances allemandes à la Grèce… Ceci sans aucune validité démocratique
    On fait le lit du FN and Co…

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