Une gageure cet article: décrire en quelques mots une réunion publique de Jean Lassalle tant le « personnage » (tel qu’il regrette parfois d’être présenté par les médias – en fait, il en joue – ), utilisant sa faconde pyrénéenne, son sens de l’anecdote et ses talents d’orateur pour séduire une assistance nombreuse, souhaitait faire passer un message simple et unique: faire que chaque citoyen se sente responsable d’un projet commun pour la France.
De ses rencontres avec les Français, il tire trois conclusions affirmées:
- Ils ont une « affection » pour leurs élus locaux, en particulier les maires, seuls garants du lien de proximité avec un monde administratif devenu incompréhensible et inadapté pour résoudre des problèmes quotidiens,
- Ils n’ont plus confiance dans les « politiques au-dessus » (dès le Conseil Général), de quelques bords qu’ils soient, pour gouverner le pays, embrigadés qu’ils sont dans les jeux partisans et leur propre intérêt,
- Ils ont « mal à la France » et sont prêts à retrousser les manches à condition de leur dire pour quel horizon ces efforts sont à faire.
Quelques commentaires: …
- la proximité: Jean Lassalle s’est dit très inquiet de la réforme territoriale en cours
- la responsabilité du maire de plus en plus diluée dans la communauté de communes,
- la disparition programmée des départements,
- la mise en place de régions gigantesques sans réelles identités (pour ressembler à l’Allemagne qui n’a pas la même culture politique que nous)
- de façon générale, la perte du lien des citoyens avec leur territoire
- la mauvaise image des politiques (« Qu’est-ce que j’ai pris à travers la figure! » Jean Lassalle dixit). Les causes de ce désamour:
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la « non-écoute » des citoyens par les politiques; les décisions viennent des « gens qui savent » à priori et qui expliquent aux gens pourquoi ils ont tord de ressentir ce qu’ils ressentent,
- la mauvaise anticipation et la non-maîtrise d’évolutions incontournables (mondialisation, internet …. ) ayant des impacts directs sur la vie des Français, par exemple
- délocalisations, mise en concurrence avec pays sans contrat social …
- perte de la notion de langue française, dégradation de l’image du maître …
- un système démocratique où 20 % des Français se retrouvent , finalement, avec 60 % des sièges à l’assemblée nationale
- l’inadéquation des partis politiques dans leur fonctionnement actuel où l’intérêt du parti prime sur le projet
- le manque de « projets politiques affirmés » a fait que se sont les « technostructures administratives » qui ont pris le dessus du fonctionnement de l’état qui « tourne sur lui-même » mais pas pour les citoyens.
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- la capacité intacte de mobilisation des Français: sans vouloir récupérer le mouvement citoyen du 11 Janvier, Jean Lassalle nous a dit ne pas avoir été étonné par celui-ci. Lors des discussions avec nombreuses personnes rencontrées lors de son tour de France, une fois les premiers reproches passés, il a ressenti chez chacun une envie de « sortir de là » et de « ça ne peut plus durer ».
« Notre France a besoin d’un élan national du même type que celui porté par le « Conseil National de la Résistance » au sortir de la 2 ème guerre mondiale »
L’avenir. Jean Lassalle n’a pas esquivé: sa réflexion n’était pas terminée sur ce point.
- Tout d’abord des doutes:
- visiblement son « message » n’est pas relayé; peu ou pas d’échos ni dans les médias ni auprès des décideurs politiques contactés.
- le planning électoral des deux années à venir (départementales, régionales, présidentielles) est tel que les jeux partisans habituels sont déjà lancés. Impossible d’envisager une évolution de la vie politique à court terme.
- Une certitude
- c’est à partir du « local »que l’évolution se fera
- par une analyse non – partisane des problèmes (ce qui n’empêche pas d’avoir des « visions » et des options de solutions différentes) ; il sait que les « élus de base » en sont capables,
- par un engagement de tous les citoyens qu’il faut « appeler » à s’intéresser à la chose publique,
- c’est, à partir de cette base qu’il compte poursuivre cette action engagée
Lors du débat, d’autres points ont été abordés: l’éducation, la montée du F.N., l’entreprise, son avenir personnel …
Une belle soirée politique « au sens noble »
Un grand merci à Laurent Touzet pour la mise en place de cette réunion. Un grand merci également à Jean-Pierre Constant, maire d’Aubenas, pour la qualité de son accueil.
… et, bien sûr, un grand merci aux nombreuses personnes qui sont venues à cette rencontre, élus ou non, MoDem ou non, dans un bel esprit humaniste et républicain.