Il est certain que, en France, les élections présidentielles sont celles qui provoquent les plus grand débats. Même de façon souvent biaisée, peu ou prou, les grandes questions concernant l’avenir de la société sont abordées au cours de cette période. Ainsi, chaque candidat nous présente son « cap » ou « ses orientations » et, pour ce faire, décline les grands axes de son action future ou, plutôt, de celle de son futur gouvernement.
Mais chacun sait que, pour suivre un itinéraire, s’il est plus confortable d’utiliser les autoroutes, les aléas du trajet nous amèneront à utiliser des nationales, des départementales, voire même, des chemins de traverse … et c’est à ces moments-là qu’il est difficile de garder le cap initial. Il faut avoir un GPS interne correctement branché au satellite … sans zone blanche (ou, en terme politique: « sans zone d’ombre »). En d’autres temps nous aurions dit « il ne faut pas perdre la boussole ».
C’est donc également sur quelques « événements en cours de campagne », loin des programmes, déclarations de meetings et autres interviews, que l’on peut juger de la capacité d’un candidat à garder un cap.
Quelques anecdotes peuvent être significatives …
Ainsi, dernièrement, as-t’on vu Mme Le Pen aller valser à Vienne en compagnie d’une extrème droite autrichienne de la pire lignée, alors qu’elle s’applique à se présenter sous une attitude républicaine et démocrate, éloignée des dérapages plus ou moin contrôlés de son prédécesseur de père. Question: sa démarche reste t’elle crédible ?
Spécialiste des petites phrases bien senties (« commandant de pédalo », « frapper, frapper, frapper encore la finance » … ), M. Mélanchon ne montre-t’il pas par cette « verve créatrice » que sa volonté est de ne pas être président, par nature « rassembleur des français », mais plutôt d’être un acteur du jeu politique à gauche, à l’instar des Verts qui, avant la compétition électorale, avaient déjà abandonnés Mme Joly pour négocier quelques circonscriptions et maroquins ministériels. Question: doit-on voter aux présidentielles pour un candidat qui nous indique qu’il ne l’est pas ?
D’autres moments de campagne, dépassant le cadre de l’anecdote, peuvent poser des questions plus fondamentales; nous en retiendrons deux survenus ces jours-ci:
- Alors que MM. Sarkozy, Hollande, De Villepin se sont rendus au diner de gala du Comité Représentatif des Institutions Juives de Mercredi dernier, M. Bayrou a décliné cette invitation. Ecoutons ses raisons:
« J’ai beaucoup réfléchi à cette question depuis des années. Et j’en suis arrivé à la conclusion que je ne devais plus participer à des réunions communautaires, quelle que soit la communauté qui invite des politiques dans des manifestions spécifiques » … « Participer à une rencontre privée, oui; à une manifestation publique, non »… « Car l’organisation de manifestations publiques où les politiques se pressent en rangs serrés pour venir, d’une manière ou d’une autre, déclarer leur flamme à une communauté, m’a toujours dérangé parce qu’il y a, d’une certaine manière une volonté de capter les suffrages de telle ou telle sensibilité ». …. « Pour ma part, je pense que la France est une, que ces citoyens sont d’abord des citoyens avant d’être juifs, catholiques, musulmans, bouddhistes, agnostiques ou athées » et « l’assignation publique de dirigeants politiques, invités à ce type de manifestation, ne correspond pas à ma vision de la République ».
Questions: quelle conception avons-nous de la République en regard du fait communautaire? Quelle est le juste positionnement de l’homme politique face aux diverses associations représentatives?
2. M. François Hollande a proposé de renégocier le traité sur la discipline budgétaire européenne. M. Rochefort, député Européen, membre du Comité Exécutif du MoDem a réagi en ces termes sur France Inter:
« On ne peut construire l’Europe comme cela, même si, évidemment, la façon dont Nicolas Sarkozy s’est comporté en faisant à la hussarde une proposition qui a consistéa surtout à montrer qu’il était le héros qui sauvait l’Europe est très criticable. » … »on ne peut faire planer une menace sur l’Union Européenne en disant « si jamais c’est un autre président, on redémarre à zéro ». C’est évidemment quelque chose qui est de nature extrêmement déstabilisante » … « Autant je suis convaincu que n’importe quel président, et j’espère que ce sera Fraçois Bayrou, essaiera d’amener, et je pense qu’il réussira, une inflexion par rapport à la construction de l’Europe, autant arriver en disant « tout ce qui s’est fait avant compte pour du beurre si on change de président, je ne touve pas cela responsable ».
Question posée: en quoi et comment la continuité de la politique européenne et extérieure de la France interfère-t’elle dans la nécessaire confrontation d’idées de tout débat démocratique ?
Merci de vos commentaires
Claude Escande
La situation économique de l’Union Européenne est inédite : la crise de la dette poursuit son chemin dévastateur, et curieusement peu d’interrogations politiques sont émises face à la mise en récession, l’un après l’autre, des pays constituants l’Union Européenne !!!
Pour autant, si la majorité (économique) des pays constituants l’Union tombe en récession, voir pire en stagflation, comment les quelques pays de l’Union, dont le solde du commerce extérieur reste actuellement positif, peuvent ils imaginer garder un commerce extérieur bénéficiaire en l’absence de croissance dans le reste des pays de la zone Euro ???
Dans le cas particulier de la France, chacun s’accorde pour dire que le moteur « claudiquant » de la consommation intérieure restait l’un des rares « allumé », ces derniers mois, pour soutenir la croissance …
Comment croire que l’augmentation de la TVA, quelque soit son nom, est susceptible de soutenir ce faible moteur ???
En France, plan de rigueur après plan de rigueur, qui ne disent pas leur nom, l’évolution est vers la baisse constatée du pouvoir d’achat de l’ensemble des classes moyennes, avec pour corolaire la chute de la consommation des ménages et la contraction du PIB.
Dans ces conditions, les prévisions de croissance négative, alias récession, sont les plus objectives, avec contraction du PIB, augmentation du chômage, déflation…
Les pays de l’Union vont devoir trouver d’autres chemins que celui de la rigueur budgétaire « urbi et orbi », sinon nous serons dans le scenario du patient malade qui meurt « guéri » !!