C’est parti, les médias commencent à s’intéresser aux élections départementales … et le débat est pour l’instant, au niveau national du moins, affligeant (voir nos deux précédents articles).
Localement, les candidats commencent les « tournées »: marchés, rencontres avec les personnalités locales, réunions publiques … Les pages de nos journaux sont maintenant remplis de photos de untel au loto de l’association machin, les remarques d’une telle en visite dans une petite entreprise … Ne nous moquons pas, ce travail de terrain est indispensable et que dirait-on si ces candidats ne se déplaçaient pas; au contraire: remercions-les.
Par contre, ne nous contentons pas d’un contact sympathique, souvent sincère mais insuffisant. Par facilité aussi, méfions-nous des discours simplistes et partisans, développant des idées générales et souvent ultra-rabâchées .
Rappelons que le budget de l’Ardèche est de 415 millions et que cet argent, nos impôts, doit être correctement distribué: voilà quelle doit être notre exigence.
Le dessin en tête de cet article (cliquer dessus pour l’agrandir) précise les 13 points sur lesquels ces nouveaux élus auront à débattre et décider. Alors, lorsque:
- nous participons à une réunion publique n’hésitons pas à questionner: qu’avez-vous fait, que comptez-vous faire, en quoi vous différenciez-vous des autres candidats sur chacun de ces treize points et, surtout, quelle part du budget comptez-vous y consacrer ?
- nous recevons les programmes, ne nous contentons pas de vagues promesses et orientations et comparons les propositions et orientations de façon analytique et objective autant que faire ce peut.
Par ailleurs, nous souhaitons tous que nos élus soient irréprochables par leur façon d’être et leur intégrité. N’oublions pas que, aussi bien au niveau local que national, certains d’entre-eux, pourtant épinglés par la justice, ont été élus, voire réélus.
Etre démocrate demande de faire un premier effort: l’écoute et l’analyse critique. A nous de développer notre exigence citoyenne.
Nota: il va sans dire que la participation aux élections est une obligation … voyons autour de nous les peuples qui souhaiteraient avoir le droit de s’exprimer. Défendons cet acquis républicain.
La démocratie est un fleur fragile qu’il faut entretenir avec soin. Donc il faut aller voter. Mais pour quoi, et pour qui ?
Le département a vocation à assurer la solidarité des territoires et des personnes, formule verbeuse un peu techno-élitiste dont les citoyens ne ressentent pas nécessairement la réalité du contenu.
Disons alors que le département a pour mission de compenser les handicaps des territoires, par exemple, déneiger la route pour permettre aux écoliers de rejoindre le collège ou le salarié son usine. Par contre, construire une route ou un réseau numérique, ressort de l’égalité des territoires, domaine d’intervention de la région. La distinction n’est pas toujours évidente à appréhender sur le terrain. Compenser le handicap des personnes, c’est le rôle des prestations dites sociales, financées par la redistribution, donc par l’état.
Il faut lire Jean Lassalle (A la rencontre des français), ou Axel Kahn (Pensées en chemin), ou, un peu plus difficile à appréhender, Christophe Guilluy (La France périphérique).
On ne dira jamais assez le mal causé par une mise en oeuvre absurde, et indifférente aux situations locales, de la Révision Générale des Politiques Publiques, ni par la passivité des élites parisiennes face à la désindustrialisation du territoire national.
La solidarité n’est ni de gauche, ni de droite, encore moins des extrêmes, elle est une valeur essentielle, centrale, du pacte républicain, pour redonner espoir à des territoires qui ont été abandonnés par la République.
La solidarité est une valeur humaniste. D’ailleurs François Bayrou l’avait bien compris avant tout le monde, lui qui avait titré son programme présidentiel : la France solidaire.
La solidarité des territoires, c’est aussi et surtout la mise en place d’un pacte départemental qui doit dominer largement les misérables clivages partisans.
Au moment de glisser son bulletin dans l’urne, c’est l’aptitude des candidats à dépasser les considérations politiciennes qui doit déterminer le choix.
Il faut aussi regretter qu’un mode de scrutin inique conduise à une situation où les querelles sectaires prennent le pas sur la recherche commune d’un avenir meilleur pour les citoyens.