Peut-être ne connaissez-vous que peu cette vénérable institution qu’est le Conseil Economique, Social et Environnemental. C’est pourtant la troisième assemblée prévue par la Constitution de 1958 après l’ Assemblée Nationale et le Sénat.
Il est constitué de 233 conseillers, désignés pour cinq ans par les organisations professionnelles, à l’exception de 70 d’entre-eux nommés par le gouvernement.
Comme son nom l’indique, il a pour vocation d’étudier tout sujet relatif à ces trois domaines de compétences, de proposer des débats et idées sur ces mêmes thèmes ou de répondre directement à des demandes formulées par les organisations professionnelles, le parlement ou le gouvernement pour évaluer tel ou tel aspect des actions politiques en projet ou déjà engagées.
Dernièrement, cette docte assemblée, pour préparer un colloque début décembre, a lancé une étude sur le « Vivre Ensemble ». Et là, les bras m’en sont tombés …
Vous trouverez ci-joint les 9 pages de compte-rendu de cette étude, mais seules les 4 dernières méritent le détour. Sous couvert d’un « sondage dans les règles de l’art », les seuls thèmes proposés relèvent d’une affligeante généralité avec un accent mis sytématiquement, à chaque question, sur les différences religieuses ou ethniques.
Je veux bien admettre que ces questions se posent moins dans notre bonne Ardèche que dans certaines zones urbaines mais, soyons sérieux, n’est-ce pas plus des questions de logement, d’emplois, de développement harmonieux des territoires, de richesse du tissu associatif, de la disparition des services publics, de la vitalité des commerces de proximité qui façonnent notre bon « vivre ensemble ». De tout cela, ce questionnaire n’en parle pas.
Je veux bien admettre également, comme indiqué en page 8, que ce qui menace le plus notre capacité de « vivre ensemble » c’est le sentiment de l’accroissement des inégalités sociales. Cependant lorsque les seules questions posées – page 9 – induisent des réponses montrant que, indirectement, c’est la faute aux jeunes « qui n’ont plus aucune valeurs » ou « qu’il faut éduquer », « qu’il faut sanctionner » et qui ne respectent pas les relations inter-génération, je ne peux plus être d’accord. Nos jeunes perçoivent bien, même s’ils ne savent pas l’analyser et l’exprimer, qu’ils sont considérés comme une « classe marketing », un « produit » comme les autres, au même titre que « la ménagère de 50 ans ». Le monde des adultes n’est pas pour eux, donc ils le renient, professeurs y compris. Beaucoup ne demandent que le « respect ».
N’est-ce pas la base du « vivre ensemble » !
Claude Escande