… en vue des prochaines échéances électorales
La qualité de la gestion des départements est indifférente à la couleur politique de son exécutif. Toutes les études statistiques sérieuses, idéologiquement indépendantes, le démontrent sans ambigüité. De plus, 60 % des dépenses du département sont des mesures contraintes, liées d’une part, aux règles d’attributions fixées par la loi, et d’autre part, à la composition de la population. La couleur politique de l’exécutif n’a donc aucune influence sur l’attribution des aides sociales. D’ailleurs, les programmes étaient similaires : stabilisation de la pression fiscale, collèges, routes, le reste (sécurité, économie, environnement) n’étant pas du ressort du département. Et les financements sont affaires de priorités dont il faut espérer qu’elles sont le reflet d’une réelle solidarité, et non d’un quelconque clientélisme.
La participation augmente quand on s’éloigne des centres urbains. C’est une réaction naturelle contre le sentiment d’abandon des zones rurales, contre la fin des départements, seuls pourvoyeurs de solidarité. Or, la loi du 16 décembre 2010 (article 75) prévoyait déjà la fusion région – département (conformément au Rapport Balladur), le regroupement des régions, la suppression de la clause de compétence générale, et renvoyait à plus tard la définition des attributions. Depuis lors, les lois de Modernisation de l’Action Publique (en 2014), et de Nouvelle Organisation des Territoires (en 2015), n’ont fait que reprendre les mêmes orientations en précisant cette fois les attributions précises des départements. Seuls quelques petits marquis politiques locaux, et cumulards, ont dénaturé le sens de ces lois à leur seul profit, au détriment de l’intérêt général et du service des citoyens.
Le vote s’est focalisé sur la sanction d’un gouvernement socialiste à l’origine de l’augmentation de la pression fiscale. C’est oublié un peu vite que l’exemple est venu du gouvernement de Mr Fillon qui a gelé les tranches de l’impôt sur le revenu en 2011. Cette mesure qui a enclenché la baisse de la consommation, et par ricochet des rentrées fiscales, et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui. Cette politique restrictive est aujourd’hui remise en cause par la Banque Centrale Européenne, et le Fonds Monétaire International. Mais c’est aussi l’UMP qui a soutenu la candidature de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission Européenne (contre Michel Barnier). Or, on savait déjà que le Luxembourg était un paradis fiscal, favorisant les entreprises transnationales au détriment des artisans et des PME de nos zones rurales et périurbaines.
Les médias ont eu beau jeu de valoriser, ou sous-évaluer, les scores de chaque composante de la vie politique nationale, en amalgamant des carottes et des navets, en associant dans leurs calculs, d’un côté UMP, UDI, Divers Droite, de l’autre, PS, EELV, Divers Gauche. Au jeu des nuances (étiquettes politiques fixées par le Ministère de l’Intérieur), les résultats ne sont pas aussi tranchés. En réalité, la situation est beaucoup moins évidente que certains hérauts nationaux voudraient nous le faire croire. Et surtout, la fusion des étiquettes transforme les associés minoritaires en vassaux impuissants. La suite est claire. La campagne se transforme alors en querelle de coqs, la surenchère verbale servant de défouloir, avec de vaines promesses totalement irréalistes. Et comment ne pas s’interroger sur le faible nombre d’élus en regard du poids électoral réel du Front National. Cette forme de mépris institutionnel aura des conséquences importantes aux élections régionales.
Car, la démocratie, c’est autre chose. ….
… On gagnerait du temps, de l’énergie, de l’efficacité, et donc de l’argent, si la majorité des électeurs, partageant des valeurs communes, se regroupait pour mettre en œuvre les transformations raisonnables pour les citoyens. Car, les exemples d’erreurs idéologiques monumentales ne manquent pas. La RTT (les 35 h universelles) a eu deux conséquences gravissimes : elle a favorisé les cadres urbains des grandes entreprises qui ont pu profiter à plein des avantages, et elle a pénalisé gravement les ouvriers et les PME, avec à la clé une accélération de la désindustrialisation des zones périphériques. Et c’est la mise en œuvre inepte de la RGPP par non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partants à la retraite sous Nicolas Sarkozy, avant toute réflexion sur les missions, qui a conduit à la désorganisation complète et au démantèlement total des services publics de proximité. Deux choix idéologiques qui ont eu comme conséquences de tuer la valeur travail et de sacrifier l’immense masse des travailleurs laquelle se tourne aujourd’hui très naturellement vers une autre option. Alors, Mrs Valls et Sarkozy, un peu de décence et de retenue. N’accusez pas un parti officiel, représentant un quart des électeurs, de tous les maux, et le peuple de mal se comporter, mais analysez plutôt vos erreurs et tirez-en les conséquences, toutes les conséquences.
Et on nous promet une campagne des élections régionales sur le même registre. C’est affligeant de médiocrité politicienne. En effet, sans vouloir courir derrière le Front National, force est de reconnaître que les deux grandes formations politiques n’ont eu de cesse de poursuivre les mêmes orientations gouvernementales, corrigées au Parlement par effet de balancier idéologique, retardant ainsi et compliquant du même coup les avancées structurelles dont la nation a besoin. Il existe donc bien une majorité médiane favorable aux réformes indispensables. Or, si leur diagnostic est bon, les réponses proposées par les partis aux extrêmes de l’échiquier politique sont loin de répondre aux enjeux, et sont même parfois totalement contre-productives.
La seule issue réaliste et positive est donc de se regrouper autour des valeurs centrales de notre République, de rassembler toutes les bonnes volontés, sans parti pris idéologiques, hors de tout clivage partisan, et de mettre en œuvre les transformations nécessaires en partant de la définition claire et partagée d’un but. C’est l’ambition affichée aujourd’hui par le Mouvement Démocrate.
Patrick Roccia – Conseiller National MoDem Ardèche