Mario Monti … le commissaire au sang froid

Mr Sylvio Berlusconi n’est plus premier ministre d’Italie: je m’en réjouis comme beaucoup, tant les frasques de ce monsieur et ses entourloupes législatives pour protéger son empire maffieux  abimaient l’image de ce magnifique pays, riche d’histoire et de culture que j’aime tant.

C’est Mr Mario Monti qui, à partir de ce jour, le remplace. Tout le monde semble s’en féliciter; Mr Monti est un européen convaincu, expert, sérieux, « International Advisor » pour Goldman Sachs … ; sonnez clairons et trompettes: les marchés sont contents, les médias embrayent, dansez braves gens.

Pourtant, nous les Ardéchois du Nord, nous avons encore en mémoire les décisions de Mr Monti quand, à la Commission Européenne, il était en charge « de  la concurrence ».  Un petit rappel pour ceux qui ne connaitraient pas le contexte. 

Depuis qu’un charron nommé Jean Besset, au sortir de la guerre, a eu la géniale idée de se lancer dans la fabrication d’autocars et autobus en prenant un brevet « isobloc » vu aux Etats Unis, Annonay possède la première usine en France de production de ce type de véhicules: tous les autobus de Paris, Lyon et bien d’autres villes en sortent.

Avec, en moyenne ces dernières années, 1500 employés, cette usine est le « poumon économique » du Nord-Ardèche.

A travers l’évolution de l’industrie française, cette usine porta le nom de  « Chausson », « Saviem », puis, « Renault V.I. » suite au rapprochement avec « Berliet ».  Elle devint « Irisbus », en 1999, quand Renault V.I. et IVECO (groupe FIAT), s’associèrent pour unifier leur activité « transport en commun » et, ainsi, faire face aux lourds investissements liés au passage aux normes de pollution Euro 3 / 4.

C’est en 2003 qu’intervient « Super Mario » et sa vaillante équipe bruxelloise. Dans la restructuration du paysage automobile européen, Renault choisit de regrouper son activité poids lourds avec Volvo … et donc souhaitait que l’activité chassis bus de Volvo rejoigne  Irisbus (vous suivez ?). Et c’est là que, du haut de son titre de Commissaire, Mr Mario Monti interdit ce rapprochement des cars et bus supputant un risque de monopole .

Pour info, en même temps, Mr Monti ouvrait les frontières aux véhicules Turcs à bas coup tandis que le groupe Irisbus, encore fragile,  ponctionnait ses résultats pour investir en Tchéquie (qui allait entrer au sein de la Communauté Européenne en 2004) et donner du travail à 1200 personnes.

Que croyez-vous qu’il advint ? Renault abandonna son idée de créer un autre pôle autocars / autobus européen face aux concurrents allemands: l’activité fut entièrement revendue à IVECO et devint italienne. En dépit de toute  logique politique, industrielle et sociale, fort de son bon droit administratif et de ses analyses financières, M. Mario Monti avait tranché.

Plus question de pôle industriel . La fusion au sein du groupe IVECO fut des plus classiques c’est à dire douloureuse avec ses changements perpétuels de management, les incompréhensions culturelles, la remise en cause de toutes les organisations et les méthodes de travail,  la pression d’un actionnariat demandant une productivité à deux chiffres. L’avenir de l’usine d’Annonay semblait compromis, jusqu’à ce que, dernièrement,  le management italien décide de fermer … l’usine de production italienne de Valle Ufita (même si cela donne une bouffée d’oxygène au Nord Ardèche, il n’y a pas de quoi se réjouir).

Loin de moi de l’idée de critiquer qui que se soit dans cette entreprise qui a trop souffert mais permettez-moi  de ne pas voir en Mr Mario Monti un stratège politique de premier rang … juste un commissaire technocrate au sang froid (j’espère sincèrement me tromper).

Claude Escande

 

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